En 2023, continuons à construire un monde solidaire, à faire dialoguer les idées et à défendre la bibliodiversité
Illustration de Mariette Robbes
En 2023, continuons à construire un monde solidaire, à faire dialoguer les idées et à défendre la bibliodiversité
Illustration de Mariette Robbes
Dans le cadre du Salon international du livre de jeunesse de Conakry (7-10 novembre 2022), impulsé et coordonné par les éditions Ganndal en Guinée, une vingtaine de maisons d’édition d’Afrique francophone se réunissent à Conakry pour un programme de formation monté sur mesure pour répondre aux besoins des finalistes du Prix Orange du livre en Afrique et aux membres de l’Alliance.
Ces rencontres sont conçus grâce à un partenariat noué avec la Fondation Orange et au soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie.
Les rencontres à Conakry s’articuleront en plusieurs temps :
Les participant.es prendront également part à l’inauguration du Salon et exposeront durant le Salon les livres jeunesse de leur pays. Enfin, les participant.es sont également conviés à fêter le trentenaire des éditions Ganndal, que l’Alliance remercie à nouveau pour leur soutien et leur accueil si chaleureux à Conakry !
Lire le programme et voir la liste des participant·es ici !
Le Comité international des éditeur·rices indépendant.es (CIEI) composé des coordinateur·rices des réseaux linguistiques de l’Alliance se réunit en présentiel à Paris du 25 au 27 octobre prochain.
Cette rencontre est essentielle dans la vie de l’Alliance : elle permet de définir les activités de l’Alliance pour la période à venir ; de travailler sur la gouvernance de l’association ; de prendre des décisions sur des questions stratégiques pour l’association.
Le programme est disponible ici !
Visuel : Mariette Robbes
« Je n’aurais pas écrit tous mes livres si je n’avais pas eu des éditeurs réceptifs, des éditeurs qui avaient leurs propres réseaux, qui travaillent selon une philosophie que je partage et selon laquelle tout ce qui est petit est beau. Dans les systèmes auto-organisés, tout ce qui est petit est synonyme de grandeur : grandeur d’âme, de cœur… Grandeur aussi car on peut étendre les possibilités de l’humanité et de la terre à une époque où l’économie dominante aimerait réduire ces possibilités. »
« Si vous n’aviez pas des profils si divers et si vous ne publiiez pas la diversité d’idées nécessaire à l’époque dans laquelle on vit, non seulement vous ne disposeriez pas, en tant que réseau d’éditeurs, de la résilience et de l’assise requises, mais vous ne seriez pas non plus en mesure d’offrir cette incroyable vigueur à la société dans laquelle nous vivons. »
Lire le discours de Vandana Shiva lors de la clôture des Assises internationales de l’édition indépendante, Pampelune-Iruñea, 26 novembre 2021.
L’Alliance remercie chaleureusement Laëtitia Saint-Loubert pour la traduction de ce texte de l’anglais (Inde) vers le français.
Ce discours est également disponible en audio, sur la chaîne Youtube de l’Alliance.
« Plus que jamais, l’avenir du livre dans sa diversité et la promotion des voix minoritaires voire alternatives reposent sur les épaules des éditrices et éditeurs indépendant·es qui, par sens d’engagement et conviction, par attachement aux causes tranchant avec le seul diktat du capitalisme, font vivre l’essence culturelle des livres. »
« Mon troisième roman, Munyal ; les larmes de la patience, est désormais présent dans bien des pays francophones d’Afrique à la faveur de la collection “Terres solidaires” de l’Alliance. Bien des autrices et auteurs africains figurent dans cette liste, mais ma fierté est surtout d’avoir accédé à ces reconnaissances à partir de l’Afrique subsaharienne où je réside et écris. Voilà qui participe véritablement à l’esprit de la diversité cher à l’Alliance et qui représente des valeurs que nous autres écrivains, écrivaines, éditrices et éditeurs devrons défendre et promouvoir. L’Alliance joue dans ce sens un rôle primordial qui, autant que faire se peut, pallie en partie la problématique de diffusion des livres en Afrique subsaharienne et particulièrement dans les pays francophones. »
Lire le discours de Djaïli Amadou Amal lors de la clôture des Assises internationales de l’édition indépendante, Pampelune-Iruñea, 26 novembre 2021.
Ce discours est également disponible en audio, sur la chaîne Youtube de l’Alliance.
Du 21 au 22 septembre 2022, à l’occasion de la Journée internationale de la bibliodiversité, participez à la 1re édition de Babelica en ligne – salon du livre international des maisons d’édition indépendantes !
Le Salon Babelica, via sa plateforme en ligne, met à l’honneur la diversité de la production éditoriale indépendante internationale. Plus de 65 maisons d’édition de 37 pays présentent une sélection de 200 titres (littérature, jeunesse, sciences humaines, bandes dessinées…) en indonésien, arabe, portugais, basque, espagnol, kinyarwanda, allemand, créole, français, italien, anglais, malgache, … à découvrir sur Babelica et à acheter en ligne.
Babelica propose également des rencontres, webinaires et tables rondes, à suivre en direct et en plusieurs langues : voir ici le programme des 5 tables rondes programmées entre le 21 et le 22 septembre.
La sixième édition du Salon du livre de Téhéran non censuré se tient du 11 mai au 12 juin 2022 ; il commencera à Londres puis se déplacera à travers plusieurs villes européennes et américaines !
Ce salon du livre est programmé en parallèle du Salon du livre en Iran, d’où son nom : Salon du livre de Téhéran, non censuré. L’objectif de ce salon est de donner l’occasion aux auteur.rices et éditeur.rices qui seraient censurés ou interdits en Iran de s’exprimer librement et de présenter leur travail.
Les maisons d’édition participantes :
• Forough Book (Allemagne)
• Naakojaa (France)
• Gardoon (Allemagne)
• Nogaam (UK)
• Satrap (UK)
• Dena Book (Pays bas)
• Red Intellect (Pays bas)
• Aftab Publication (Norvège)
• Roonak Publication (Pays bas)
• Pendaar Publications (UK)
• Arzan (Suède)
• Ferdosi (Suède)
• Iran Academia (Pays bas)
• Pegah Books (Canada)
• Ketab Corp. (États-Unis)
• Saraye Bamdad (Canada)
• Ketab Corp. (États-Unis)
Pour en savoir plus : www.uncensoredbook.com / #UBF22
Suite à l’agression de l’Ukraine par le pouvoir russe et à l’envahissement de son territoire, l’Alliance internationale des éditeurs indépendants exprime son soutien et sa solidarité à l’ensemble du peuple ukrainien ainsi qu’aux professionnel·le·s de la culture ukrainiennes et ukrainiens et son attachement au droit à l’autodétermination des peuples.
Nous, éditrices et éditeurs indépendant·e·s exerçant dans plus de 55 pays à travers le monde, membres d’un réseau international de solidarité, condamnons avec la plus grande vigueur les violences commises à l’encontre du peuple ukrainien et appelons ensemble à un retour à la paix. Nous réaffirmons par ailleurs notre soutien à tous les peuples, sur tous les continents, confrontés à des guerres et conflits, luttant pour leur liberté et leur émancipation.
Nous nous opposons fermement aux discours de stigmatisation et de déshumanisation et rappelons ici le rôle essentiel de la culture, en particulier du livre, comme outil de dialogue, d’analyse, de compréhension, de découverte de la pluralité et de la diversité.
Auteur(s) : MUTT-LON
Pays de parution : République de Guinée, Cameroun, Côte d’Ivoire, Togo
Langue(s) :
français
Prix : 3 500 FCFA
Fuyant des pesanteurs familiales et sociales, Damienne Bourdin, jeune médecin, marseillaise, s’engage dans les troupes coloniales. À peine arrivée au Cameroun, elle est sollicitée par le Dr Eugène Jamot pour une mission de la plus haute importance : exfiltrer Debora Edoa, princesse ewondo, nièce du chef supérieur Atangana et unique infirmière du cru. En effet, une bavure médicale, au sein de la mission de prophylaxie de la trypanosomiase dirigée par Jamot, a provoqué la cécité de 700 patients. La révolte gronde et la présence d’Edoa sur les lieux de l’insurrection risque de mettre toute la région à feu et à sang…
À partir de ce drame historique, Mutt-Lon nous plonge au cœur du Cameroun colonial : préjugés, lutte effrénée pour le pouvoir, violence… mais aussi amour, courage et abnégation. Il met en lumière le destin exceptionnel de deux femmes déterminées à faire œuvre utile tout en se réalisant pleinement, et la résistance de l’Afrique ancestrale, incarnée par l’incorruptible Pygmée Ndongo.
Avec ce roman captivant, à l’écriture juste, sobre, incisive, Mutt-Lon poursuit son œuvre de réhabilitation de l’histoire de son pays et, ici, celle de la mission Jamot au Cameroun.
Né en 1973 à Bafia, Mutt-Lon est monteur à la télévision d’État camerounaise, la CRTV, après avoir enseigné les mathématiques. Ceux qui sortent dans la nuit, son premier roman, a reçu le Prix Ahmadou Kourouma 2014.
Coéditeurs : Eburnie (Côte d’Ivoire), Ganndal (Guinée Conakry), Graines de Pensées (Togo), Proximité (Cameroun)
Date de publication de la version panafricaine : 2022, 11,5 X 19 cm
© Mutt-Lon, 2020.
Une coédition solidaire « Le livre équitable ».
Créée en 2007, la collection « Terres solidaires » est une expérience collective. Elle propose des textes littéraires d’autrices et auteurs africain.e.s, édités par un collectif de maisons d’édition en Afrique francophone. Grâce au principe de la coédition solidaire, les textes circulent, sont disponibles et accessibles pour les lecteurs africains ; l’écosystème du livre local est préservé et renforcé.
La collection « Terres solidaires » est soutenue par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Tribune de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, 16 février 2018, publiée par Le Monde Afrique et ActuaLitté.
Souvent, lorsque nous entendons les instances politiques donner leur vision de la francophonie, nous nous demandons si nous devons réagir : rappeler un certain nombre de faits, valoriser les actions de terrain qui agissent pour des échanges équitables, expliquer concrètement comment ces actions se mettent en œuvre, faire parler les acteurs et donner à voir ce qui se vit… La question s’est posée à nouveau quand nous avons appris qu’une consultation publique se tenait sur la promotion de la langue française et du plurilinguisme dans le monde. Nous avons lu les tribunes d’Alain Mabanckou, de Véronique Tadjo, de Pierre Astier, de Françoise Vergès, d’Abdourahman A. Waberi, et nous nous reconnaissons dans leurs propos. Nous prenons le parti, dans le prolongement de leurs mots et dans ce contexte où les médias et les pouvoirs publics abordent les enjeux de la francophonie, de dire ce qu’est pour nous, collectif réunissant 550 éditeurs indépendants dans 52 pays dans le monde, un tel espace.
L’appel à l’« innovation » dans la francophonie, formulé dans le cadre des objectifs de la consultation, pourrait laisser entendre que rien n’a été fait, que rien n’existe et que des avancées ne peuvent venir que par impulsion de la France. Il serait pourtant dommage de ne pas prendre en compte toutes les dynamiques et la richesse du travail d’éditeur qui est mené tous les jours, depuis des décennies, dans tous les espaces francophones.
Dans l’enquête qu’elle a récemment publiée dans Le Monde Afrique, Kidi Bebey montre le dynamisme et la pugnacité de maisons d’édition africaines, qui pour certaines sont nées il y a plus de 25 ans. Ces structures défrichent, osent, tentent, découvrent… avec souvent des moyens minimes… Elles permettent à des réseaux humains de s’organiser, de collaborer, d’échanger, de vivre ensemble, un peu mieux. Elles font vivre la bibliodiversité – la diversité culturelle appliquée au monde du livre – à travers de nouveaux croisements, de nouveaux regards, en tentant de nouvelles approches.
Cette vitalité est ainsi le fait de l’engagement citoyen des professionnels du livre et des lecteurs, qui ensemble construisent des outils et des échanges solidaires, y compris face au manque d’accompagnement des pouvoirs publics. Il suffit pour cela de s’arrêter quelques instants sur la diversité des initiatives de nombreuses structures : Africultures, découvreur de talents et ressource culturelle unique aujourd’hui menacée ; le collectif Afrilivres, réunissant plus de 30 maisons d’édition en Afrique francophone ; Esprit Panaf, point de rencontres des éditeurs et auteurs d’Afrique francophone avec les lecteurs du Salon du livre d’Alger ; l’Espace de la Diversité pour les littératures de la diversité au Québec et ailleurs ; l’Oiseau Indigo, diffusant des ouvrages dans l’espace francophone, du Sud au Nord ; l’Association internationale des libraires francophones et sa Caravane du livre entre autres ; les nombreux salons en Afrique, à l’initiative d’éditeurs, de libraires et d’auteurs comme la Rentrée littéraire du Mali, Togo BD, le Salon du livre béninois et de la presse jeunesse de Cotonou ; le Salon du livre jeunesse de Conakry… et bien d’autres…
Nous, éditeurs indépendants, dans la francophonie comme ailleurs, prenons des risques pour porter des idées, sommes inventifs dans le développement de nos activités, créatifs dans nos modes d’actions. Nous expérimentons au sein de l’Alliance des modèles de coopération qui ont fait leur preuve, en particulier les coéditions solidaires, pour favoriser la circulation des textes en Afrique francophone (mais aussi en Amérique latine, dans le monde anglophone…). Nous animons également l’Observatoire de la bibliodiversité qui nous permet d’interpeller chaque fois que nécessaire les pouvoirs publics. Nous dénonçons ainsi la mainmise des groupes d’édition français (entre autres) sur les marchés du livre scolaire en Afrique, qui menace gravement l’édition locale et participe d’une hégémonie culturelle. Nous alertons régulièrement sur la pratique préoccupante du don de livres, bien souvent délétère pour la vitalité des écosystèmes du livre locaux. Nous confirmons aussi que les relations éditoriales entre les pays d’Afrique francophone et la France ne pourront exister sans un rééquilibrage des flux économiques, culturels, sans une volonté politique de part et d’autres… et avant tout sans un changement de regards.
Notre francophonie est riche d’une diversité de langues, de cultures, de réalités. Nous ne voulons pas la vivre comme un espace clos et uniforme, comme un carcan. Nous la considérons au regard des autres espaces du monde : nous sommes des éditeurs d’Afrique francophone, d’Europe, d’Amérique latine, d’Inde, d’Australie, d’Afrique du Sud, de Turquie… animés par l’esprit de la Convention de l’Unesco de 2005. La francophonie doit pouvoir s’inscrire dans la bibliodiversité, nous y travaillons tous les jours.
C’est cette vision de la francophonie que nous défendons. Nous pensons qu’elle rend plus curieux, plus tolérants, plus ouverts – c’est sans doute une évidence, mais il semblait utile, aujourd’hui, de le rappeler.
Lire ci-contre les « Actes du colloque sur les défis de la promotion et de la distribution des livres en langues africaines », organisé par les éditions Ganndal à Conakry (Guinée Conakry), du 27 au 28 novembre 2017.
Lire ci-contre les recommandations et conclusions formulées par les éditeurs d’Afrique francophone à l’issue de l’atelier sur les « Outils numériques et l’édition en langues africaines » organisé par l’Alliance en novembre 2017 à Conakry, grâce au soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie et en partenariat avec les éditions Ganndal.
Sékou Fofana est directeur littéraire des éditions Donniya (Mali), membre du Bureau de l’Organisation malienne des éditeurs de livres (OMEL) et Secrétaire du Bureau de l’association panafricaine Afrilivres. Les éditions Donniya sont membres de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants.
Peux-tu nous faire un état des lieux du piratage au Mali ? Est-ce un piratage individuel ou industriel ? Quels sont les titres et les genres concernés ?
Au départ, il s’agissait simplement de quelques individus qui le faisaient pour avoir des copies de livres qu’ils n’avaient pas, mais depuis quelques années, nous sommes victimes d’un piratage à grande échelle du manuel scolaire. Les éditions Donniya ne sont pas les seules à être touchées par ce problème, c’est l’ensemble des éditeurs de manuels scolaires qui subissent le piratage. En ce qui concerne les pirates, il s’agit, pour certains, de commerçants qui vont en Chine pour acheter des produits et qui en profitent pour imprimer des livres là-bas, attirés par la manne financière que représente la rentrée scolaire. Ils impriment quelques titres en grande quantité et les font venir au Mali par containers. Certains ne prennent même plus la peine d’aller en Chine et impriment sous nos yeux, directement au Mali. Cela commence vraiment à affecter le travail que nous faisons au quotidien, car ils vendent leurs livres à des prix parfois 10 fois inférieurs aux nôtres, alors qu’ils ne payent ni taxes ni droits d’auteurs. Cela met en péril toute la filière du livre, sachant que, sans les manuels scolaires, beaucoup d’éditeurs ne pourraient pas produire de livres de littérature générale.
Comment les éditeurs maliens ont-ils réagi face à ce phénomène ?
Il y a deux ans, en 2015, les éditions Donniya ont été averties d’un acte de piratage par un de nos employés qui avait eu vent de l’impression de nos livres dans une imprimerie de la place. Nous nous sommes adressés au procureur, et accompagnés de la gendarmerie, nous avons effectué une perquisition dans cette imprimerie. Effectivement, nous avons prouvé qu’ils produisaient des copies de nos livres. L’année suivante, il a refait la même chose, et nous avons décidé d’aller en justice. Comme certaines ONG achetaient ces ouvrages piratés, nous avons aussi porté plainte contre elles. Malheureusement cela n’a pas abouti mais ça a quand même fait une mauvaise publicité aux ONG qui ont décidé de ne plus acquérir de livres piratés.
Dorénavant, nous nous inscrivons dans une logique de lutte collective. Quand il y a un problème, l’éditeur n’intervient pas de façon individuelle mais c’est l’association des éditeurs qui s’en charge et qui sert de rempart pour éviter que ces choses-là ne prospèrent.
Comment se positionnent les pouvoirs publics sur ces questions ?
Chaque fois qu’il y a un problème, nous les saisissons. La dernière fois, c’est le Bureau malien du droit d’auteur qui nous a assistés. Leurs avocats nous ont aidés à rédiger la plainte. En ce sens, nous avons eu de l’accompagnement des pouvoirs publics. Le ministère de la Culture, en tant que tel, ne nous aide pas trop. Ils ont l’expérience avec les musiciens, mais ils n’ont pas réussi à endiguer le problème. Comme ils accordent encore moins d’importance au livre qu’à la musique, nous n’attendons pas grand-chose de ce côté-là. Si dans le futur, ils prennent conscience que le livre est un facteur de développement, peut-être qu’ils s’y intéresseront… Quand nous faisons l’Assemblée générale de notre association, nous invitons les autorités pour les sensibiliser. Nous invitons le ministère de la Culture, la douane et la police mais aussi tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans l’importation des livres. La douane a en effet autorité pour saisir les livres qui entrent illégalement. Mais dans la pratique, cela ne se fait pas : les gens peuvent rentrer avec des livres sur le territoire malien sans autorisation. Il y a donc beaucoup de sensibilisation à faire dans ce sens.
Les 13 et 14 décembre 2017, nous organisons justement un atelier afin de sensibiliser les autorités sur ce problème. Nous allons les interpeller (les ministères de l’Économie et de la Culture) afin qu’ils prennent des engagements pour nous soutenir.
Avez-vous essayé de faire des campagnes de sensibilisation auprès des familles également ?
Oui, c’est important de faire ce travail car les familles ne comprennent pas pourquoi les livres que nous leur vendons sont plus chers que ceux qu’elles trouvent au marché. On ne peut pas les blâmer de rechercher des livres qui sont moins chers, étant donné que la vie est chère et que quand on a dix enfants à la maison, il faut trouver un moyen d’avoir des manuels pour chaque enfant.
Je pense qu’il faut surtout sensibiliser les libraires par terre car c’est auprès d’eux que les familles vont acquérir les manuels scolaires. Je pense que nous pouvons envisager une coopération avec eux pour qu’ils vendent nos livres. En ce sens, je pense que nous avons une part de responsabilité, car si nous leur permettons d’avoir nos livres à un bon prix, ils seront intéressés pour les vendre. Mais leur bon prix et notre bon prix ne sont pas forcément le même ! À l’heure actuelle, le dialogue n’est toujours pas établi entre les éditeurs et les libraires par terre, je pense qu’il faut essayer de se parler.
Dans un tel contexte, comment envisagez-vous le numérique ? Comme une façon de contourner ce phénomène ou au contraire comme une nouvelle menace ?
Je crois que le numérique peut être une solution, au moins temporaire. Le temps qu’ils comprennent comment pirater nos livres numériques, cela peut nous donner une marge d’avance sur eux. Il faudra du temps pour qu’ils acquièrent ces compétences. Mais cela pose le problème des infrastructures : tout le monde n’a pas encore de tablette ou de smartphone. Il faudrait aussi des investissements des pouvoirs publics dans le domaine du numérique pour le secteur éducatif, mais à ma connaissance il n’y a eu que quelques expériences, peu nombreuses. Cependant, il y a un ministère de l’Économie Numérique, cela laisse entendre qu’ils explorent ce champ. Nous nous disions justement qu’il fallait aller voir ce ministère, au nom de l’Organisation malienne des éditeurs de livres (OMEL), afin de leur proposer un projet de soutien au livre numérique. Ils pourraient être intéressés puisqu’ils n’ont pas de projet de ce genre à l’heure actuelle. À la longue, si nous arrivons à numériser nos contenus, le numérique pourrait être une alternative pour contourner le phénomène de piratage tel que nous le connaissons.
Interview réalisée à Conakry le 23 novembre 2017 par Matthieu Joulin (équipe permanente de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants).
Auteur(s) : Manuel GIL
Pays de parution : Argentine
Langue(s) :
espagnol
Nouvelle édition publiée en 2017 par la marca editora (Argentine), en coédition avec EDINAR (Argentine) et le CERLALC.
Ouvrage de référence publié initialement par le CERLALC.
ISBN : 978-950-889-299-7
264 pages / 20 X 25 cm
Voir également ci-dessous l’édition péruvienne du Manual de edición, éditée par La Travesía Editora, maison d’édition péruvienne, membre du collectif EIP au Pérou.
Re|Penser les politiques culturelles 2018 (rapport mondial Convention 2005 Unesco)
La créativité au cœur du développement
Extrait de la préface du rapport :
« Ce nouveau Rapport Mondial de l’UNESCO “Re|Penser les politiques culturelles” est un outil précieux dans la mise en œuvre de la Convention de 2005 sur la Protection et la Promotion de la Diversité des Expressions Culturelles. Cette Convention désormais ratifiée par 146 Parties, dont l’Union Européenne, est le fer de lance de l’UNESCO dans son action pour renforcer les capacités de production de création et de diffusion des biens, des activités et des services culturels. Les États se voient soutenus dans leur droit souverain de mener des politiques publiques pour le développement de secteurs industriels culturels et créatifs forts et dynamiques.
L’UNESCO s’attache à développer avec eux des politiques publiques plus efficaces et plus durables en ce sens. Notre feuille de route est claire et requière la collaboration des gouvernements et des acteurs nongouvernementaux dans 4 domaines-clés : renforcer la gouvernance de la culture, améliorer les conditions de mobilité des artistes, intégrer la culture dans les stratégies de développement durable, et promouvoir les droits humains et les libertés fondamentales. Ces quatre objectifs sont étroitement liés à l’Agenda 2030 pour le Développement Durable ».
Audrey Azoulay
Directrice générale de l’UNESCO
Lire le rapport en français ici.
Octavio Kulesz, membre du Labo numérique de l’Alliance, est l’auteur du chapitre 3 de ce rapport : Les politiques culturelles à l’ère des plateformes numériques.
« Ce document a pour objet de préciser les critères permettant de délimiter les contours de la profession d’éditeur de livres, de manuels scolaires et de matériels didactiques au Mali. Il détermine aussi les règles déontologiques et fonctionnelles de base devant régir les relations entre les éditeurs et l‛ensemble des professionnels de la chaîne du livre.
Ce code n’a pas de pouvoir coercitif, mais il constitue une référence pertinente dans la pratique éditoriale et la définition des différents métiers de la chaîne du livre. »
Cette Charte a été réalisée par l’OMEL (Organisation malienne des éditeurs de livres) en avril 2017, qui a autorisé l’Alliance à la diffuser sur son site Internet.
Étude de faisabilité d’implantation de structures d’impression numérique pour les éditeurs indépendants, par Gilles Colleu (novembre 2017)
Parmi les 80 recommandations issues des Assises internationales de l’édition indépendante (2012-2014), les éditeurs appelaient les pouvoirs publics et les organismes internationaux à « favoriser et soutenir l’implantation d’imprimeries numériques et d’imprimeries à la demande dans les pays (notamment d’Afrique subsaharienne) » pour favoriser l’accès au livre.
L’Alliance a ainsi souhaité lancer en 2016 une étude de faisabilité d’implantation d’imprimeries numériques en Afrique subsaharienne et Madagascar. Avant tout, il s’agissait de savoir si l’impression numérique est une alternative adaptée, et dans quelles conditions. Pour ce faire, l’étude recense les besoins des professionnels locaux ; puis elle présente les potentialités et les avantages mais aussi les limites de l’impression numérique au vu des réalités contextuelles et des pratiques des éditeurs francophones d’Afrique subsaharienne et Madagascar. Enfin, elle propose des scénarios de faisabilité pour la mise en place de pôles d’impression numérique.
En s’intéressant tout autant à la dimension technique de l’impression numérique qu’à ses potentialités de développement dans un contexte africain francophone, cette étude va au-delà d’une étude de faisabilité et propose des éléments de réflexion sur les modèles économiques et stratégiques de l’édition indépendante.
Cette étude a reçu le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie.
Une version longue de l’étude existe, réservée aux éditeurs membres de l’Alliance.
Pour toute question ou commentaire, n’hésitez pas à contacter l’équipe de l’Alliance.
Gilles COLLEU, auteur de l’étude
Ancien professeur de l’IUT des métiers du livre d’Aix-en-Provence, ancien Directeur de la production et du numérique pour les éditions Actes Sud, Gilles Colleu a fondé et dirige avec Jutta Hepke les éditions Vents d’ailleurs (La Roque d’Anthéron, France), membres de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants. Il cogère le pôle d’impression numérique Yenooa et l’incubateur Rue des éditeurs et participe activement au Labo numérique de l’Alliance (tutorat, formation).
Alors que s’ouvre d’ici quelques semaines la Foire du livre de Francfort (11-15 octobre 2017), mettant à l’honneur la France et les langues françaises, l’Alliance internationale des éditeurs indépendants souhaite rappeler certains enjeux essentiels pour les éditeurs indépendants et la bibliodiversité, tels qu’exprimés par les 400 éditeurs de 50 pays en 2014, dans la Déclaration internationale des éditeurs et éditrices indépendants.
La France a souhaité, dans le cadre de son invitation à Francfort, accorder une place aux éditeurs du Sud et nous nous félicitons de cette belle opportunité. Nous espérons ainsi que cette ouverture constituera une étape supplémentaire pour que les professionnels francophones apprennent à se connaître davantage, à dialoguer et échanger. Ces rapports de confiance et de curiosité, qui sont au cœur de l’Alliance, ont en effet fait leur preuve depuis plus de 15 ans, ayant donné naissance à des coéditions et des traductions inédites entre les continents.
Cependant, d’autres aspects de « Francfort en Français » vont à l’encontre de cette dynamique positive. Des opérations de dons de livres de la France vers l’Afrique, entre autres, sont ainsi organisées à Francfort cette année. En particulier, les 30 000 livres qui seront présentés sur le Pavillon français sont destinés à être distribués dans plusieurs pays à l’issue de la Foire – et ce alors même qu’une vingtaine d’éditeurs africains sont invités à prendre part à la Foire, sur un stand « Afrique/Haïti ». Comme nous le mentionnions dans plusieurs communiqués et dans le programme de nos activités à Francfort (voir ici), les dons de livres, même s’ils procèdent d’une bonne intention, peuvent venir fragiliser l’économie locale de la chaîne du livre. Ils représentent aussi une hégémonie culturelle violente s’ils ne sont pas précautionneusement pensés avec les professionnels du livre des régions destinataires qui sont les relais et médiateurs auprès des lecteurs.
Nous appelons ainsi à la responsabilité de chacun : pouvoirs publics, associations et professionnels, pour que ces dons soient faits en concertation avec les éditeurs africains présents mais aussi en dialogue avec les libraires locaux africains. Il s’agit des conditions élémentaires pour des échanges équilibrés et respectueux de l’environnement des acteurs.
Il est urgent de repenser le don de livres. Il est prioritaire d’encourager et de soutenir des partenariats éditoriaux équitables et pérennes.
Nous espérons que la volonté de montrer la francophonie dans sa diversité et pluralité à Francfort s’accompagnera d’actes significatifs de la part des pouvoirs publics au Nord comme au Sud. Il est en effet indispensable qu’une volonté politique accompagne un changement de prisme et de rapports entre les pays de la francophonie.
Peu connu pour son dynamisme en matière de BD, de livres illustrés ou de presse satirique, le Niger n’est pas, a priori, un terrain favorable à l’expression des illustrateurs et des dessinateurs. Démonstration avec cet état des lieux des productions en matière de bandes dessinées.
Lire l’article intégral : « La bande dessinée au Niger », par Christophe Cassiau-Haurie.
Un état des lieux publié par Africultures, le 29 août 2017 à retrouver ici.
Alliance internationale
de l'édition indépendante
38 rue Saint-Sabin
75011 Paris - France